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Élevage et Climat

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Au niveau mondial, le rôle de l’agriculture et de l’élevage dans la lutte contre le changement climatique est reconnu par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Il est admis que les sols représentent un puit de carbone naturel et à long terme le plus important sur les surfaces continentales.
Le stockage de carbone par les prairies constitue une voie prometteuse pour contrebalancer les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).
L’élevage d’herbivore a donc un rôle majeur à jouer dans l’atténuation du changement climatique.
Ainsi tous les types d’agricultures sont concernés. Les bovins ont été les premiers à expérimenter les différents dispositifs.

Filières Bovins allaitants : Beef Carbon Life et Nouvelle-Aquitaine

La Chambre d’Agriculture 17-79 s’est engagée dans deux programmes sur la filière bovin allaitant. Le premier est un programme européen « Life Beef Carbon » où 7 diagnostics ont été réalisés. Le second, « Beef Carbon Nouvelle-Aquitaine »,  est un programme régional où 14 Exploitations ont été diagnostiquées.

Beef Carbon Life :

  • Projet européen mené dans 4 pays : France, Irlande, Espagne et Italie.
  • Piloté par l'Institut de l'élevage
  • 1 700 fermes françaises impliquées
  • Objectif : Réduire de 15% en 10 ans l'empreinte carbone de la production de viande bovine.

Beef Carbon Nouvelle-Aquitaine :

  • Co-piloté par Idele et Interbev Nouvelle-Aquitaine
  • Décliné autour du Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET)
  • Implication de 24 partenaires
  • Evaluation de l’impact carbone de 600 élevages et 100 élevages pilotes bas carbone (diagnostic et plan d’action)

 

La Nouvelle-Aquitaine représente 22% du cheptel allaitant français. Tous les systèmes (naisseurs, naisseurs-engraisseurs et producteurs de veaux) et toutes les particularités régionales (mixité, pratiques des estives…) seront pris en compte dans ce projet.

Les objectifs :

  • Développer, sensibiliser  et apporter aux  éleveurs et aux techniciens les outils et méthodes pour appréhender la problématique
  • Connaître et réduire l’empreinte carbone de la viande bovine
  • Apporter des conseils technico économiques avec une entrée carbone pour concilier production et réduction de l’empreinte carbone de la viande bovine
  • Identifier, tester et promouvoir les pratiques d’élevage bas carbone
  • Lancer une dynamique régionale en associant les éleveurs, les conseillers agricoles, les entreprises d’abattage et de transformation ainsi que la distribution

Résultats :

Source : Idele

L’étude montre que plus des 3/4 des émissions de gaz à effet de serre est causée par à la fermentation entérique (c’est-à-dire à la digestion des vaches) et leurs effluents. Différents leviers ont été mis en évidence selon trois thèmes : l’élevage, l’alimentation en lien avec le végétal et l’énergie.

Pour la partie élevage, trois objectifs se sont dégagés :

  • Maitriser la productivité 
  • Réduire l’âge au premier vêlage
  • Améliorer la santé et la croissance des jeunes animaux

Pour le thème « alimentation et végétal », cinq axes sont ressortis :

  • Maximiser l’autonomie fourragère (qualité et quantité)
  • Améliorer le pâturage avec le pâturage tournant (plus de jours de pâturage et plus d’UGB pâturant)
  • Optimiser la consommation de concentrés (équilibre des rations)
  • Raisonner la fertilisation (adéquation apports/besoins, ajouts des légumineuses dans les rotations)
  • Augmenter le stockage carbone (augmentation de la durée d’implantations des prairies temporaires : 5 ans minimum, entretiens des haies)

Enfin au niveau énergie, les objectifs sont de réduire la consommation de carburant et d’augmenter la production d’énergie (méthanisation, photovoltaïque).

Les diagnostics réalisés

Deux diagnostics sont proposés aux éleveurs pour leur permettre d'évaluer l'empreinte carbone de leurs élevages.

  • Diagnostic de Niveau 1 

Ce diagnostic permet de récupérer 30 données sur l'exploitation (gestion du troupeau, quantité de viande produite, les surfaces en prairie et les consommations d’énergie). Il aboutit à des propositions d’amélioration.

  • Diagnostic de Niveau 2 

Ce diagnostic permet de récupérer 150 données sur l'exploitation. Ces données concernent la gestion du troupeau, la quantité de viande produite, l’alimentation des bovins, les surfaces et rotations, la fertilisation et les consommations énergétiques utilisées. Après des échanges avec l’éleveur, un plan d’action est proposer afin d’améliorer les performances environnementales de l’exploitation. Les premiers résultats montrent une corrélation entre performance économique et environnemental. L’objectif est de suivre sur plusieurs années ces exploitations et de communiquer sur les services rendus par l’élevage.

Climalait

Les objectifs

Initié par le CNIEL et mené par l’Institut de l’Elevage en partenariat avec Arvalis, le BTPL, les Chambres d’agriculture, l’INRA et Météo-France, Climalait vise à :

  • Evaluer les impacts du changement climatique à l’horizon 2050 dans les élevages laitiers français
  • Informer et préparer les éleveurs au changement climatique sur le long terme
  • Proposer des pistes d’adaptation possibles pour les différents systèmes

L’étude a été réalisée dans 17 zones laitières dont la Saintonge. La méthode utilisée s’appuie sur le modèle dynamique et robuste de l’INRA : STICS qui permet de simuler un système sol-atmosphère-culture. A partir des données climatiques et itinéraires techniques pratiqués dans la zone étudiée, il est possible de  caractériser les conséquences des évolutions du climat sur les cultures fourragères et de s’y préparer.

Les résultats en Saintonge (Charente-Maritime)

Conséquences du changement climatique sur la pousse de l’herbe

Les simulations ont été réalisées pour plusieurs itinéraires techniques combinant récoltes (en foin ou en ensilage) et pâturage, sur deux types de sol.

Conséquence de l’augmentation des températures au début du printemps, les simulations STICS mettent en évidence un démarrage en végétation des prairies de plus en plus précoce. Cela confirme le fait qu’une mise à l’herbe plus précoce pourrait être envisagée, sous réserve de la portance des sols. L’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère pourrait dans une première phase être un atout afin d’augmenter la production de la biomasse, mais à plus long terme, la hausse trop élevée des températures et les déficits plus fréquents en précipitation ne permettront plus de tirer profit de cet « effet CO2 ».

Le ralentissement de la croissance de l’herbe en été serait lui aussi plus précoce, et de plus en plus marqué. Le rebond d’automne, serait de plus en plus tardif et se prolongerait vers le début de l’hiver.

Au total, la quantité d’herbe produite sur l’année serait en légère augmentation, essentiellement du fait de la pousse de printemps plus abondante. Sans adaptation, cela compliquerait la tâche des systèmes herbagers contraints à faucher davantage de surface au printemps.

Laluzerne

Quel que soit le nombre de coupes visées ou réalisées, les rendements seraient à la hausse (effet CO2). D’autre part, si l’ensemble des rendements moyens augmente, la variabilité interannuelle est toujours aussi marquée.

Le gain de rendement cumulé est à relier à l’évolution des conditions de printemps qui, comme pour la prairie, permettraient un démarrage en végétation et donc une exploitation des luzernières plus précoces, avec à la clé une coupe supplémentaire avant la sécheresse estivale.

Le maïs

Lorsque l’irrigation est possible sans restriction, les rendements sont en légère hausse. Sans irrigation, la tendance semble aussi à la hausse mais elle cache une variabilité de plus en plus forte au vu des aléas en termes de pluviométrie.

Dans tous les cas, les  stades seraient atteints de plus en plus précocement. Par conséquent, autour de la floraison, la phase lors de laquelle l’accès à l’eau est essentiel serait de plus en plus courte, donc encore plus dépendante des conditions climatiques ou des possibilités d’irrigation. Cela pourrait expliquer l’augmentation de la variabilité des rendements en sec.

L’augmentation des températures au printemps permettrait également une augmentation de la production des dérobées, toujours avec une certaine variabilité. En fin de siècle, la dérobée produirait même parfois plus que le maïs qui la suit, notamment lorsque l’eau est limitée.

Discussion autour de leviers d’adaptation issus de travaux de recherche

Des éléments issus de travaux menés à l’INRA de Lusignan (station peu éloignée de la Charente-Maritime) depuis plusieurs années ont été présentés au groupe de travail. Ces leviers d’adaptation (et donc de sécurisation des systèmes fourragers) sont d’ordre agronomique et concernent la diversification des fourrages stockables, l’allongement de la durée de pâturage ave la diversification des ressources pâturable (printemps/été/automne). D’autres travaux sont menés à Lusignan concernant les aspects zootechniques (croisements 3 voies, durée de lactation…) et à l’échelle système (OasYs : un système bovin laitier agroécologique, adapté au changement climatique).

Conséquences sur les animaux

Les éleveurs de la zone redoutent le stress thermique que vivront les vaches laitières de plus en plus souvent avec les pertes de production laitière occasionnées. Différents leviers (adaptation des bâtiments, génétique, répartition des vêlages dans l’année…) devront être mobilisés pour y faire face.

>> Voir plus de détails sur les résultats 

Life Carbon Dairy

La Chambre d’Agriculture 17-79, en partenariat avec le CRIEL, a réalisé 12 diagnostics de niveau 2. Le choix des exploitations est varié (système herbager, maïs…) ce qui permet d’avoir une représentation large de la filière.

LIFE CarbonDairy en quelques mots

  • Projet européen
  • Des partenaires multiples : Idele, CNIEL, Chambre d’agriculture
  • 4 000 élevages pour un projet pilote unique au Monde
  • Un rôle central de l’Outil CAP’2ER®
  • Des premiers résultats montrent des objectifs de réduction de GES pertinents et extrapolables à tous les élevages

L’objectif de ce projet est de réduire l’empreinte carbone de la production laitière de 20 % d’ici 10 ans

Cette étude a été mise en œuvre dans 6 régions aux contextes pédoclimatiques variés qui fournissent 65 % de la production laitière française.

Résultats

Source :  Idele

L'élevage laitier est responsable de 6 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de la France. >> Télécharger la fiche 

Les trois principaux postes d’émissions sont :

  • les fermentations entériques (méthane) des animaux (50 % des GES),
  • la gestion de l’azote et des effluents (30 %),
  • les achats d’intrants (20 %).

Grâce à la photosynthèse, les prairies et les haies favorisent le stockage du carbone dans le sol.

Pour un élevage laitier, la compensation carbone peut varier de 5 à 40 % en fonction du système fourrager.

Une étude de l’Institut de l’élevage montre que les exploitations avec un faible impact environnemental se caractérisent par une meilleure efficience technico-économique et sont les plus rentables. Une exploitation optimisée techniquement se caractérise par une meilleure utilisation des intrants et donc moins de pertes vers l'environnement : couvert végétal adapté, gestion de l'azote sur les cultures, rations optimisées, qualité des fourrages pâturés et stockés, troupeau en bonne santé, ...

Différents leviers d’action peuvent être mis en place dans les exploitations selon différentes thématiques.

Thème 1 : optimiser la performance laitière du troupeau pour réduire les émissions de méthane

  • Améliorer la conduite sanitaire pour limiter les pertes de production et la reproduction
  • Améliorer l’efficacité de la ration

Thème 2 : améliorer la qualité des fourrages et la valorisation du pâturage, raisonner la fertilisation pour réduire les émissions de méthane, d’azote, de dioxyde de carbone et pour augmenter le stockage carbone :

  • Implanter des légumineuses pour diminuer les achats de concentrés et fertilisants
  • Valoriser les déjections animales sur les cultures
  • Ajuster la fertilisation minérale aux potentiels de rendements en veillant à réaliser les apports aux moments opportuns
  • Favoriser les prairies et implanter des haies

Thème 3 : réduire les consommations de carburant et d’électricité

  • Organisation du travail, éco conduite ou échange de parcelles
  • Récupérateur de chaleur ou un pré-refroidisseur

Pour plus de d’informations : http://idele.fr/no_cache/recherche/publication/idelesolr/recommends/resultats-globaux-life-carbon-dairy.html 

 

CAP’2ER pour l’élevage caprins

L’Association Nationale Interprofessionnelle CAPrine (ANICAP) souhaite mettre à disposition des éleveurs et des techniciens l’outil CAP’2ER. L’objectif est de sensibiliser les acteurs de la filière à la prise en compte de l’environnement dans le fonctionnement des systèmes en élevages caprins. Cet outil permet aussi de produire des références sur les indicateurs environnementaux et de positionner l’exploitation (ou un groupe d’exploitations) par rapport à ces références.

Depuis avril 2020, la réalisation d’un diagnostic de niveau 1 est possible en élevage caprin. La collecte compte un peu plus de 30 données et permet de réaliser une évaluation des performances environnementales.

A l’automne 2020, dans le cadre du projet  REDcap, avec du financement du Conseil Régionale de Nouvelle-Aquitaine et de l’ANICAP, et avec l’appui de l’Idele, la Chambre d’Agriculture participera à une action de création de références techniques sur le bilan environnemental et les leviers d’action techniques à mobiliser pour atténuer les émissions de GES des élevages caprins en Nouvelle-Aquitaine.

Sur la région, une trentaine de diagnostics de niveau 2 devront être réalisés sur différents systèmes :

  • Ration basée sur  foin de luzerne et mais 
  • Ration basée sur l’herbe verte (pâturage ou affouragement en vert)
  • Ration basée sur fourrages humides

 

L’outil CAP’2ER

 

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